Homélie du 2ème Dimanched l'Avent

Chers frères et sœurs, en ce deuxième dimanche de l’Avent l’évangile nous fait entendre le cri de Jean le Baptiste : « convertissez-vous ! » La semaine dernière nous avons vu que se convertir c’est reconnaître qu’on a pris une mauvaise route et faire demi-tour. Mais avec Jean Baptiste, voici qu’un nouvel élément apparaît, il s’agit désormais de se tourner vers le Messie qui vient, et de se préparer afin d’être en mesure de l’accueillir et de le suivre. Jean Baptiste proposait aux juifs, qui venaient à lui, de descendre dans le Jourdain, en confessant leurs fautes et de les plonger dans l’eau. Mais quel sens avait ce baptême de purification ? C’était un retour à l’origine. En effet le passage de la mer rouge, à la suite de Moïse, avait fait des descendants d’Abraham un peuple et un peuple consacré à Dieu. Jean Baptiste, par son ministère prophétique, annonçait donc la naissance d’un peuple de Dieu renouvelé, le peuple de ceux qui attendant le Messie afin de le suivre. Mais comme au temps de Moïse, chacun devait faire un choix, prendre une décision et tous les n’ont pas suivis Moïse. Certains ont préféré rester esclaves en Egypte. Jean Baptiste s’emportait contre les pharisiens à qui il reprochait de se faire baptiser probablement pour ne pas déplaire aux foules mais qui ne confessaient pas vraiment leurs péchés, ni ne cherchaient la conversion. Ils n’étaient pas en attente du Messie. Ils n’avaient pas l’intention de le suivre, ils voulaient continuer à pratiquer leur religion à leur manière, sans rien remettre en question. Refuser la conversion à laquelle Dieu nous appelle est un danger qui nous guette tous à un moment ou à un autre de notre existence. Nous aussi nous pouvons être tentés de vivre comme si Dieu n’existait pas, comme si le Christ ressuscité n’était pas au milieu de nous, comme s’il ne nous invitait pas à marcher à sa suite. Vivre comme tout le monde vit ! Madeleine Delbrel qui avait été élevée dans l’athéisme avant de faire une rencontre personnelle avec le Christ et devenir missionnaire des incroyants disait il y a soixante ans, que le problème ce n’est pas la sécularisation de la société, le problème c’est que l’athéisme est entré dans l’Eglise. Le Pape saint Jean Paul II reprendra ces mots en parlant d’athéisme pratique, tentation de notre époque. Les lectures de dimanche dernier nous invitaient à discerner où nous en étions par rapport à l’appel à la conversion. Pour le paraphraser il nous posait une question : si on nous annonçait que dans 24h une météorite allait pulvériser la terre, que ferions-nous ? Répondrions-nous : je continuerai à faire ce que je fais parce que je cherche à vivre en présence de Dieu et que j’attends sa venue ? Ou dirions-nous : J’irais tout de suite me confesser ou me réconcilier avec telle personne. Si le jour de Noël, l’Enfant Jésus nous apparaissait couché dans la paille serions-nous fiers de notre pauvreté, de notre faiblesse, ou un peu honteux des biens que nous avons accumulés plutôt que de les partager ? La conversion, bien sûr c’est l’œuvre de toute une vie, mais Jésus nous a prévenu qu’il allait venir comme un voleur. Alors, se convertir, oui, mais par quoi commencer ? Dans la première lecture Saint Paul nous dit : « soyez bien d’accord entre vous ! » Que se passe-t-il lorsqu’il y a des désaccords ? Une distance s’installe entre les personnes. Puis cette distance favorise et nourrit de nouveaux désaccords un peu comme lorsqu’une tuile ou une ardoise se déplace sur le toit et que l’eau pénètre. Cela entraîne d’autres dégâts, et à terme menace tout l’édifice. Bien sûr il ne s’agit pas d’être toujours d’accord sur tout, mais de chercher à prendre en compte tous les points de vue. Le Pape Léon XIV, à son arrivée au Liban, l’a magistralement exposé. Il s’agit de combattre la distance qui suit les désaccords, les conflits, les guerres par la rencontre. Il s’agit d’aller vers celui qui est en désaccord avec moi pour le comprendre, pour lui exprimer mon point de vue, de chercher ensemble la vérité. Et le Pape précise que la vérité ne peut être honorée que par la rencontre. Chacun de nous -dit-il- voit une partie de la vérité, en connaît un aspect, mais ne peut renoncer à ce que seul l’autre sait, à ce que seul l’autre voit. Travailler à être bien d’accord entre nous c’est devenir artisan de paix, c’est faire exister une culture de la paix. Nous en avons tous fait l’expérience, quand le pardon est donné, quand une réconciliation a lieu, l’amitié, la communion ne sont pas seulement réparées, elles sont renouvelées comme ce fut le cas pour l’apôtre Pierre après son reniement. Se réconcilier c’est un chemin de reconstruction qui débouche sur une grâce de résurrection. Savoir se demander pardon pour les petites griffes, les petites entailles que nous nous faisons les uns aux autres dans la vie quotidienne est signe de croissance dans notre conversion au Christ. En cette deuxième étape de notre chemin d’Avent peut-être pouvons-nous nous demander vers qui dois-je faire un petit pas en vue de dépasser des désaccords, de guérir des blessures du passé ? Avec qui ai-je un chemin de réconciliation à vivre ? Et peut-être que la réponse à cette question sera aussi : le chemin de réconciliation que j’ai à vivre c’est avec Dieu de qui je me suis éloigné qui pourtant m’attend dans le sacrement de réconciliation pour ressusciter tant de choses en moi ! Amen !

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