Chers frères et sœurs, nous prions aujourd’hui pour les fidèles défunts en cette année jubilaire qui a pour thème : « pèlerins d’espérance ! » Et justement les textes que nous venons d’entendre renvoient à ce qui est le fondement de notre espérance : la résurrection de Jésus. Si Jésus n’est pas ressuscité alors les promesses de Dieu ne sont pas accomplies, notre espérance est vaine et plus rien n’a de sens en ce monde écrivait saint Paul. Cela explique d’ailleurs ce à quoi nous assistons dans nos sociétés qui se décomposent au fur et à mesure qu’elles se déchristianisent. Elles perdent ce socle de l’espérance : la mort a été vaincue. Mais a contrario, partout où l’Eglise s’implante ou dans les lieux où elle se réveille, partout où elle est missionnaire et joyeuse, renaît l’espérance et la confiance en l’avenir. Cela est vrai aussi pour nos communautés et nos familles : une personne qui est porteuse d’une véritable espérance est un trésor, un phare. Hier nous avons célébré la fête de tous les saints, chacun d’entre eux, à sa manière, a été une lumière d’espérance qui s’est allumée pour le monde et qui continue à briller. La première lecture qui a été choisie par l’équipe liturgique répond au soupçon qui peut s’attaquer à notre espérance : pourquoi Dieu permet-il que le juste passe par l’épreuve, par la souffrance, alors que ceux qui se moquent de Dieu et de sa volonté semblent souvent prospérer ? Plus grave encore, pourquoi Dieu laisse-t-il mourir le juste ? Le livre de la Sagesse répond que le sens de notre passage sur terre est inséparable de ce qui nous attend après la mort. Car nous ne sommes que de passage ici-bas. L’auteur du livre affirme que sur cette terre Dieu permet à celui qui l’aime de vivre des épreuves qui sont des purifications et que la fidélité, la confiance en Dieu seront récompensées. Et il convoque l’image du minerai d’or, ce métal souvent mélangé à beaucoup d’impuretés lorsqu’on l’extrait du sol. Mais quand ensuite on le passe au feu, il devient resplendissant. Les justes sont, aux yeux de Dieu, cet or, ce métal précieux, qu’il veut resplendissant et les épreuves qu’ils traversent deviennent avec son aide une bénédiction. Mais la nécessité de la purification n’est pas encore la raison la plus profonde de l’agir de Dieu. Notre Seigneur désire faire briller le juste à travers les épreuves afin de le récompenser. Et cette récompense promise est impressionnante : **Ils jugeront les nations, ils auront pouvoir sur les peuples, ils comprendront la vérité** ; mais surtout **ceux qui auront été fidèles resteront, dans l’amour, près de lui. Pour ses amis, grâce et miséricorde !** C’est bien sûr ce que nous demandons aujourd’hui pour nos défunts, **grâce et miséricorde, qu’ils puissent demeurer près de lui dans l’amour.** Si le temps sur terre est l’occasion de la purification de notre cœur, celle-ci s’achève au-delà de la mort à travers un état passager, le purgatoire. Ce moment peut être abrégé voire annulé par nos prières. Puisque nous sommes dans une année jubilaire, l’Eglise nous invite à obtenir des indulgences. Cela signifie que si nous faisons une démarche de pèlerinage dans une église désignée comme église jubilaire, si nous nous confessons, communion et prions aux intentions du Saint Père, le défunt pour qui nous faisons cette démarche en bénéficiera au purgatoire et il pourra comme dit le livre de la Sagesse **rester dans l’amour près de Dieu.** Comme Dieu n’est pas dans le temps mais dans l’unique instant de l’éternité, notre prière peut rejoindre toute personne quel que soit le moment de son passage vers le Seigneur et l’accompagner à l’instant de sa rencontre avec le Christ. Dans la deuxième lecture saint Paul emploi un mot inquiétant, nous paraitrons tous dit-il devant le tribunal de Dieu. Saint Jean Paul II aimait à dire que le sacrement de la réconciliation, était un tribunal. Mais à la différence des tribunaux civils où nous comparaissons pour recevoir une condamnation et une peine, le confessionnal est le tribunal où nous nous rendons pour être lavés de nos fautes et pardonnés. Le confessionnal est le lieu où nous faisons l’expérience qu’un Autre a pris sur lui notre condamnation et payé le prix de notre peine. Et puisque nos fautes nous conduisaient à la mort, un Autre est mort à note place, le Christ. Comparaître devant le tribunal de Dieu c’est donc à la fois une menace puisque nous savons que nous aurons à rendre des comptes, mais c’est, pour celui qui croit au Christ, qui lui fait confiance, qui accepte le don gratuit de son amour, c’est une espérance bienheureuse. C’est le moment du pardon et de la miséricorde. Le jugement de Dieu devient le moment de la recréation de notre être, en vue de la résurrection. Alors nous comprenons que Jésus soit le chemin c’est-à-dire le moyen par lequel nous entrons dans le Royaume. Accueillir dès aujourd’hui le pardon, la miséricorde et l’amour que nous propose Jésus c’est prendre une route nouvelle, c’est cheminer avec le Christ, c’est devenir disciple. S’ouvrir à l’amitié avec Jésus c’est faire la vérité laisser la lumière de sa parole éclairer notre vie. Dire oui au pardon qui nous est offert c’est laisser jaillir de notre cœur la vie nouvelle reçue au baptême, la vie de charité qui sera l’unique trésor du ciel. Jésus dit qu’il est parti nous préparer une place et saint Paul rappelle que puisque nous sommes unis au Christ, par le baptême, nous sommes dépendants les uns des autres. Nous avons à porter le fardeau les uns des autres car nous formons un seul corps et celui-ci a besoin de chacun de ses membres. C’est pour cela que nous avons à prier pour les fidèles défunts tout autant que nous avons à prier pour nos frères et sœur en Christ qui vivent sur terre. Demandons à Dieu qu’il renouvelle notre détermination à être fidèles à cette prière et à recevoir régulièrement le pardon de nos péchés dans le sacrement de la réconciliation. Amen !